une œuvre de Georges Noël (Béziers, 1924 – Paris, 2010)

27 mars 2020
  • Partager

une œuvre de Georges Noël (Béziers, 1924 – Paris, 2010)

Chaque jour, dans sa lutte contre le coronavirus et dans son désir de vous aider à vivre au mieux le confinement, le musée des Beaux-Arts de Pau propose un focus sur une œuvre. Aujourd'hui, une œuvre de Georges Noël.

Nom
Les musées de Pau : 1 jour / 1 œuvre - N°3

Tarifs
Gratuit

Georges Noël ( Béziers, 1924 – Paris, 2010)

Sans Titre / 1964 / technique mixte et collage sur papier, 92,2 x 61 cm

Georges Noël a passé toute sa jeunesse à Pau. Après avoir secondé son père sur des chantiers de rénovation, il intègre le bureau d'études de Turboméca, célèbre entreprise d'aéronautique, où il exerce le métier de dessinateur-projeteur.

Installé à Paris en 1957, il découvre l'actualité artistique de l'époque en s'imprégnant notamment du travail de Jean Dubuffet ou des célèbres photographies de graffitis de Brassaï. Il entretient par ailleurs des relations amicales avec Arman, Yves Klein ou Raymond Hains et soutient d'autres protagonistes du Nouveau Réalisme comme François Dufresne ou Jacques de La Villeglé.

En 1959, il expose à la galerie Paul Facchetti ses premiers Palimpsestes, initiant une thématique appelée à jouer un rôle central dans son œuvre. Féru des civilisations extra-européennes où symbolisme et signes se superposent à sa propre expérience plastique, Georges Noël poursuit alors une démarche créatrice dans laquelle la gestualité occupe une place essentielle.

Datant de 1964, ce brillant dessin a probablement été réalisé aux États-Unis lors de son tout premier séjour outre-Atlantique. Sur une trame de papier épais, l'artiste a disposé de façon aléatoire des fragments de journaux américains à côté de simples papiers découpés. On retrouve dans cet agencement un des principes chers à l'approche de Georges Noël, soit l'idée de recouvrement et de stratification du support, synonyme d'épaisseur et de densité du signifié. Revenant sur la surface de cet agglomérat de matières, il a ensuite appliqué de façon irrégulière un camaïeu de pigments où dominent les tons roux, vert mousse et bleu turquin. Puis, comme saisi par un état de transe, il a tracé un écheveau de traits et de griffures d'un noir intense, découvrant ainsi une sorte de paysage lagunaire scandé par des signes où l'on croit deviner les traces d'une calligraphie archaïque. Palimpseste à rebours, ce dessin révèle la primauté du geste sur les alignements symétriques du papier imprimé et inverse le cours du temps en exaltant l'insoumission de l'artiste devant la notion de progrès.

Tel un archéologue du signe, Georges Noël restaure et reconstitue ainsi un alphabet mystérieux, pénétré d'une signification symbolique dont le sens, de même que les hiéroglyphes d'un codex maya, nous échappe et nous transporte pourtant dans les limbes de la civilisation.