Je ne sais pas pourquoi, dans ce temps-là, je mêle
Les fruits ailés d’érable à la procession
Qu’on fait à la Saint-Jean autour de ces tisons
Qui, morts, prennent le bleu si noir des hirondelles.
Sans doute sur l’Arros, torrent, je vois un pont
Construit avec du crépuscule et des décombres
Où s’en vont sagement, en chantant, quelques ombres
Qu’allongent des manteaux avec des capuchons.
Il me semble qu’on se dirige vers la gare
Où cinquante ans n’ont pas fané les catalpas
Qui, dans la cour, vieux Indiens, parlent tout bas
De leur pays natal en fumant leurs cigares.
Voici l’arbre-bûcher. Monsieur Pédebidou
Y met le feu, dressant des favoris insignes,
Emules d’animaux aussi bien que de cygnes.
Et le brasier craquant étoile le feu doux.
Le prêtre sur le bois a jeté l’eau bénite.
On a vu, des coteaux, des flammes s’élever ;
Les gens à l’unisson ont repris les avés
Et repassé l’Arros plein de cerceaux de truites.
Des hommes, attelés aux restes calcinés,
Les traînent sur le sol jusques à leurs demeures.
Qu’enfant redevenu, quand sonnera mon heure,
Je baise votre cendre, ô lieux où je suis né !