Dans les ateliers du Bel Ordinaire : retour sur les résidences depuis février

Marion Cachon élabore « La Gauchère », un projet traversant les champs du design graphique, des arts plastiques, de la littérature et de la typographie. Il est une revendication poétique à penser « la gaucherie » comme une force de création au-delà des connotations péjoratives que nos imaginaires collectifs attribuent à ce terme et à ses figures de l’ombre, celles et ceux qui préfèrent leur main gauche. Il donne lieu à la création d’une typographie et d’un récit visuel mêlant recherche et réalisations artistiques.

"La résidence au BO sera l’occasion de poursuivre l’écriture du troisième chapitre d'un récit, notamment en peinture, et de travailler sa mise en espace : expérimenter certains agrandissements, certaines productions plastiques et leur corrélation au mur, poursuivre les dessins calligraphiques et l’histoire fictionnelle de la gauchère qui les accompagnent".

Marion Cachon est designeuse graphique indépendante depuis 2019. Elle vit et travaille en Normandie où elle porte une attention particulière aux savoirs et expériences populaires pour nourrir ses narrations visuelles, mêlant parfois dessin, peinture et création typographique à ses productions graphiques. Elle mène depuis trois ans une recherche expérimentale sur les mains gauches.

Retrouvez l'interview de Marion sur sa page de résidence sur notre site internet !

Claire Malrieux développe depuis 2014 le projet HyperDrawing dans lequel elle alterne phases de recherche, expérimentations techniques et productions d’œuvres graphiques génératives. Aussi, ses dernières œuvres ont engagé la puissance énonciatrice du dessin dans une réflexion sur les perspectives narratives et spéculatives de la pensée algorithmique.

En parallèle, elle s’intéresse aux interfaces conversationnelles qui offrent une zone d’exploration ravivant le mythe anthropomorphique de la machine. Partant du constat que le développement des assistants vocaux dans les objets et les applications ont largement installé les voix de synthèses dans nos vies, sans que nous ayons beaucoup d’espace pour les interroger, elle crée SpeakBlue , qui se présente comme une Persona Vocale. Ce nouvel objet vocal est développé comme un être de langage et une technologie de l’imaginaire, producteurs de visions du monde donnant corps au lointain et à l’immatériel.

"Après avoir montré et expérimenté une première fois la présence de Speakblue au sein des collections du Madd à Bordeaux en décembre 2022, nous avons avec Sara Dufour et SébastienCourvoisier commencé à dessiner son territoire : un espace des marges et des résistances, mouvant, dont les frontières sont tracées par les récits technologiques dominants et les intelligences artificielles narratives.

La résidence au BO nous permet de travailler sur les perfectionnements du scénario et du programme algorithmique qui conditionnent la prise de parole orale de Speakblue et qui, au-delà de sa présence physique constituent son comportement, son tempérament et son identité".

Guilhem Roubichou ancre son travail dans les zones rurales post-industrielles. Il y collecte des matériaux de récupération et pratique le glanage d'objets issus de l'industrie qu'il transforme en sculptures. Il fait partie de ces artistes dont la pratique s'apparente au bricolage. Il détourne, déforme ou simplement récupère des objets, renouvelant ainsi le principe du ready-made.

« Ma pratique plastique repose sur des allers-retours entre ma culture d’origine rurale et le champ de l’art, j’aime par ce procédé prélever et modifier des éléments issus de la première pour engager un dialogue avec le second. Je poursuis en résidence au BO mes recherches olfactives - présentes depuis mes études dans mes œuvres - en collaboration avec Théo Belmas, parfumeur et ami d’enfance. Ce projet consiste à prélever et analyser en laboratoire des capsules d’air capturées à l’aide de dispositifs Head Space - une technique développée dans les années 1970 visant à reconstituer les odeurs naturelles agréables d'une fleur - afin d’obtenir les cartes d’identités olfactives de différents endroits et de potentiellement reproduire ces parfums. Les dispositifs sont uniques, singuliers et spécifiques à chaque lieu de prélèvement. Je les présente dans mes installations où je joue sur les odeurs prélevées et cherche à provoquer chez le visiteur une expérience sensorielle à la fois intime et collective ».

Guilhem Roubichou est né à Toulouse en 1991, diplômé de la Villa Arson à Nice en 2016, il vit et travaille à Saverdun en Ariège.

Retrouvez l'interview de Guilhem sur sa page de résidence sur notre site internet !

Mathilde Reynaud et Damien Baïs s’intéressent à la façon dont nos multiples rapports avec les environnements virtuels nous rendent sensibles à d’autres environnements.

"Les images qui émergent de ces espaces virtuels incitent à réinterroger les relations que nous tissons avec les mondes, les corps, les formes qu’elles exposent en tissant d’autres récits. Notre projet de résidence au BO questionne ces artefacts autour du voyage spatial, sujet de prédilection des récits de fiction. Le voyage spatial vers une autre Planète incarne souvent le rêve ultime de l’humanité de repartir à zéro dans un monde nouveau, de quitter un passé trop lourd, occupé par des dévastations.

Ce projet se compose de plusieurs médiums numériques retraçant une partie des documents, des «traces» d’un voyage fictif vers une autre planète. Nous aimerions penser un de ces médiums numériques et réaliser une partie du projet "Zone noire hors présent".

Mathilde Reynaud obtient en 2019 le DNSEP option Médias. Dans une démarche questionnant l’image, elle se tourne vers une pratique du numérique axée plus particulièrement vers l’image de synthèse 3D et l’image en mouvement. En 2020, elle poursuit sa recherche à travers le Diplôme Supérieur de Recherche en Art (DSRA) au sein de l’unité de recherches numériques de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon.

Damien Baïs est diplômé de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne, option Communication. Il est l’auteur de plusieurs jeux vidéo tels SuperLevelTypo, Hide & Seek, TradeWar, NORD-OUEST, CaveFighter. Co-fondateur de .CORP, il développe au sein du collectif des projets mêlant programmation, design et art. De 2021 à 2022, il devient professeur-responsable du pôle numérique de la Haute école d’art et de design à Genève.

Pierre Tandille dédie une résidence de recherche à son père : "Durant sa vie mon père a réuni des objets auxquels il donne une importance particulière. Il les agence chez lui, sur les étagères, en de méthodiques compositions… Mon père dessine et sculpte avec des matériaux récupérés qu’il détourne et assemble.

Il dessine sur les sculptures et colle des matériaux dans ses dessins, sans faire de frontières. C’est un art modeste qu’il n’a jamais réellement montré. Il a décidé de vendre la maison où il vit. À cette occasion je retourne passer plusieurs semaines chez lui. Je photographie les objets, les meubles, les murs de la maison, son jardin et lui-même.

À table nous parlons, on se pose des questions sur la vie, sur l’amour et d’autres choses. Le travail, l’accomplissement, « se réaliser », sont des choses dont il me parle souvent. Il parle aussi beaucoup des paysages d’où il vient : l’Algérie, la Tunisie, les ânes, les oasis et les déserts.

Dans le projet d’édition que je développe au BO, je présente des photographies de ces objets accompagnés de dialogues autours de leurs histoires".

Pierre Tandille est né à Tarbes en 1990, il grandit à Bordeaux et dans le Médoc et devient graphiste. Depuis 2020, avec Clémence Passot et Magali Brueder, ils pilotent Aero Club, studio de design graphique tourné vers les arts vivants, les arts plastiques et l’architecture.