Dans les ateliers du Bel Ordinaire : retour sur les résidences depuis août 2022 !

Bérénice Serra vit et travaille à Caen et à Zürich. Artiste et chercheuse associée à l’unité de recherche numérique de l’ENSBA Lyon, elle développe une pratique plastique et théorique qui interroge les modes de conception, de production et d’échange des formes culturelles à l’ère numérique, notamment autour de la notion de publication.

« Mon travail cherche à rendre visible ces mécanismes de « publication », par lesquels des publics se construisent dans l’ombre du partage. Je parcours ainsi leurs effets sur les images, le langage ou encore les gestes. Depuis le début de cette recherche, j’ai réalisé des œuvres hybrides, récoltant à la main des données, donnant à voir les visages d’une population numérique anonyme, invitant d’autres artistes à investir les représentations virtuelles de l’espace public.

Durant ma résidence au Bel Ordinaire, je vais construire la restitution de cette recherche. Ce sera l’occasion pour moi de mettre en espace, de composer un récit et une performance avec les moyens de production du lieu. Cette performance sera présentée en fin de résidence au public du BO ainsi qu’à un jury de professionnels de l’art dans l’objectif de l’obtention d’un Diplôme Supérieur de Recherche en Art ».

Retrouvez son interview en atelier sur notre site !

Lisa Bayle a grandi entre la campagne de l’Entre-deux-Mers et la forêt des Landes. Elle obtient un BTS design graphique à l’école Duperré puis un DSSA design graphique à l’ENSAAMA Olivier de Serres à Paris. Depuis 2017 elle est collaboratrice de Dépli design studio, agence de graphisme spécialisée dans la signalétique et les dispositifs de médiation numériques pour les expositions, et dans la conception de sites web et d’identités visuelles. Elle enseigne le design graphique en mouvement aux Beaux-arts de Valence.

Il y a quelques années, elle rencontre Laurent Ourtiga - qui, troublé par le décalage extrême entre le mode de vie de son enfance et celui d’aujourd’hui, a écrit le témoignage de sa jeunesse passée dans un village des Hautes-Pyrénées des années 50-60 – et décide de travailler avec lui à la publication de ce récit.

« Les témoignages historiques dits "populaires", la question de leur représentation et de leur transmission m’intéresse. Cette résidence au BO, en complicité avec Laurent Ourtiga, va me permettre d'explorer cette notion, et d'interroger la façon dont ma discipline - le design graphique - pourrait dialoguer avec elle.

Mon travail va en premier lieu s’articuler autour de la mise en forme d’une édition de 64 pages. Ce petit ouvrage sera pensé comme un terrain de recherche graphique. En complément de cette micro-publication, je vais produire un dessin d’animation en stop-motion avec des papiers recyclés artisanaux et teintés qui va se déployer au fil d’entretiens avec Laurent Ourtiga».

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Cloé Brochard est diplômée des Beaux-Arts de Nantes/St Nazaire depuis 2019, elle vit et travaille à Paris.

Elle s’appuie sur la sculpture et l’installation en s’inspirant de dispositifs de contrôle et de systèmes d’observation. Avec ses pièces, elle recontextualise des systèmes de surveillance pour en montrer leur ubiquité et interroger leur impact sur notre perception de la réalité. Elle questionne nos rapports contemporains à l’optique, à la surveillance et à la confidentialité en engageant un regard critique sur l’omniprésence des outils de surveillance au sein de nos sociétés.

""Biomécanique d’un mouchard" est un projet qui s’incarne sous une forme hybride inspirée du concept de cyborg : une caméra de surveillance devient vivante et se voit dotée d’organes. L’installation sera construite à partir de plusieurs dizaines de ces caméras. Le corps est un élément central des politiques de contrôle occidentale, son existence la plus charnelle de l’individu devient un levier prépondérant nécessaire à son inclusion au sein d’un espace et d’une pensée politique. La présence d’organes d'animaux dans l’installation mettra en exergue cette interdépendance.

"Ce temps de résidence au Bel Ordinaire me permettra de donner de l’ampleur au projet en travaillant également le dispositif d’accrochage et sa mise en lumière qui devront mettre en évidence l’interpénétration de l’organique et du numérique au sein des politiques de contrôle. Ces technologies sont muettes et invisibles face à ceux et à celles qu’elles épient. Penser cette observation silencieuse dans un cadre artistique me permet de la rendre visible et de proposer une expérience originale au spectateur". 

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Fabrice Croux est né en 1977, il vit et travaille à Grenoble. Depuis 2000, il participe à diverses résidences et son travail est régulièrement exposé en France et à l’étranger.

Au travers d’un corpus de gestes et de pratiques éparses, ses productions réfléchissent les notions de décor, d’amateurisme et de domesticité.

« Ma pratique se constitue d’un ensemble de gestes et de savoir-faire plus ou moins importants et réguliers. Ils forment un magma qui, dans l’idéal, ne se préoccupe pas de faire œuvre. C’est une sorte de fonctionnement journalier, une activité qui m’aide à maintenir un état d’attention. Et de là, de temps à autres, des objets, des ensembles ou des envies plus significatives apparaissent...

Je viens ici pour un premier temps de recherche et de production en vue d'une exposition prévue au BO début 2024.

Je vais tenter de maintenir durant un gros mois, un environnement assez dense, actif, chaotique, exigeant, joyeux, accidenté, gourmand et attentif, pour que des objets significatifs puissent pousser et apparaître de ce terreau.

Afin de m'aider à maintenir ce climat, j'ai invité un ensemble d'amis et de collaborateurs à expérimenter librement au sein de l'atelier. Avec l'équipe et les membres satellites du BO, ils composeront une première bande avec laquelle je compte bricoler un commissariat expérimental, empirique et affectueux durant toute la fin de l'été.

J'appréhende l'élaboration de cette exposition comme une aventure ou chaque geste est susceptible de devenir un événement redéfinissant entièrement l'issue de cette joyeuse équipée ».

Retrouvez l'interview de Fabrice Croux sur notre site internet !

Clémentine Fort développe depuis plusieurs résidences, un projet d’exposition : Le cheval sous le tapis qui sera présenté au BO du 1er mars au 17 juin 2023.

Elle s’inspire du sport équestre en s’intéressant à la codification rigoureuse des tenues des jockeys. Cet univers à l’esthétique bien particulière, la fascine et lui permet d’explorer de nouvelles formes et associations convoquant différents médium comme la peinture, le textile et la céramique.

« Pour ce projet, je me suis intéressée à l’univers des courses hippiques et j’ai créé différents objets qui sont le résultat d’une hybridation entre cet univers et l’espace domestique. Au début mon attention s’est portée sur les casaques de jockeys et plus particulièrement sur les couleurs et les motifs qui les composent. Et puis avec le temps, j’ai fait entrer dans mes recherches différents éléments de mobiliers comme les obstacles et jusqu’à la piste elle-même. Dans mon atelier, on peut voir en ce moment le vase obstacle, l’étagère en paille, la ligne de départ et d’arrivée, les tabourets, les vases baguettes, autant de pièces en cours de finalisation qui seront présentées dans l’exposition. »

Sarah Boris est artiste et designer. Elle a fondé son studio de création en 2015. Son travail a été exposé au Design Museum de Londres et est entré dans les collections du Stedelijk Museum d’Amsterdam, du Frac Normandie de Rouen et du Centre of Book Arts de New York.

Sarah prépare une réédition du "Théâtre Graphique", la publication de son nouveau livre, Rainbow, qui sera publié par une maison d'édition coréenne en septembre 2022.

« Je vais poursuivre, au cours de cette résidence, mes recherches et productions d'œuvres modulables. J'ai effectué un accrochage et une installation dans la galerie éphémère du BO à la fin de ma résidence en mai, ce qui m’a permis d’envisager une série de modules sur lesquels je vais travailler. Je souhaite aussi réaliser une série de 15 peintures, en lien avec la production de mon prochain livre d’artiste qui paraîtra à l’automne. Elles n'ont pas de destination précise, mais j'aimerais les réaliser en vue de les exposer un jour. Ces projets m'amènent à renouer avec la peinture que j'avais délaissée depuis quelques années et explorer des idées de sculptures sous forme de prototypes ».

Designers graphiques, Fabien Goutelle & Marine Montagné sont venus au BO pour un premier temps de résidence en juin 2021. Ils s'intéressaient alors à John The Engineer C. Turmel. En 1979, ce personnage se présentait à une première élection. Fin février 2020, il participe à sa 100e. Sans en gagner une seule. Il est ce qu’on appelle un candidat éternel, pour qui le processus électoral n’est qu’un prétexte permettant de générer un peu de visibilité dans le but de propager ses idées. John C. Turmel est un personnage de cartoon politico-médiatique complexe et haut en couleur; son site internet est une véritable archive.

Fabien Goutelle et Marine Montagné – malheureusement absente sur ce deuxième temps de résidence, pour des raisons indépendantes de sa volonté – cherchent à connaître John C. Turmel, au-delà de sa réputation de trublion, le plus précisément possible : sa vie, son œuvre, ses idées, ses grandes batailles et ses petits travers, etc.

"Pour ce faire nous avons mobilisé les outils, compétences et modalités qui sont selon nous propres au design éditorial : mise en forme d’informations complexes et de documents divers, travail de coupe et de sélection, retranscription et reproduction, digressions et contributions, recherches et gestes plastiques. Le processus global questionnant la façon dont on aboutit à un livre, et plus précisément comment le design éditorial, par ses modalités mêmes, peut générer du propos en s’inspirant d’une figure.

Le deuxième volet de cette résidence permettra de mettre en page une édition à mi-chemin entre le portrait et la monographie. La formalisation de cette somme éditoriale sera informée et contrainte par les résultats des différents dispositifs mis en places lors du premier temps de résidence".

Yonsoo Kang est née en 1981 à Séoul en Corée. Elle arrive en France pour étudier les arts plastiques, à l’École Nationale Supérieure d’Art de Nancy puis à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Nantes Métropole où elle obtient le DNSEP en 2013. Lauréate du Prix d’Art Visuel de la Ville de Nantes en 2015 et du Concours Jeunes talents coréens en France du Centre Culturel Coréen à Paris en 2020, elle vit et travaille à Pau depuis 2017.

« Lors de ma résidence au BO, je souhaite expérimenter le matériau papier en rapport avec le corps et le geste. Le rouleau de papier de format 1,50 x 10 mètres m’intéresse particulièrement par sa hauteur proche de celle du corps humain ainsi que par la possibilité d’être étalé en longueur. Ce format exige certaines conditions d’espace, de temps et des gestes adaptés dans la manipulation. Encombrant et lourd, il est aussi redoutable car au moindre geste négligé, des taches et des plis s’y font de manière irréversible. Tous ces aspects suscitent chez moi à la fois une forte appréhension et un sentiment de défi envers ce matériau.

J’envisage d’expérimenter mes questions sur le papier sous la forme d’une performance, en adaptant mes gestes aux propriétés du matériau et aux accidents qui se produiront pendant le processus. »

Retrouvez dès à présent l'interview de Yonsoo Kang sur notre site internet !

Athanor est un duo de designers graphiques composé de Florentin Jeanneau et de Sébastien Collorec. Depuis 2014 il évolue dans le domaine de la micro-édition en participant à des salons en France et à l’étranger. Au fil du temps, sa pratique de l’édition, du dessin et de la peinture a naturellement évolué vers la réalisation de fresques murales, de sérigraphies et la création de maquettes et d’installations.

« Initié en 2019, notre projet Notes s’apparente à l’élaboration d’une collection de travaux que nous réalisons à partir de notes rédigées sur un roman récemment lu ou sur le résultat d’une recherche essentiellement graphique. Les formes de ces notes sont variées : dessin, peinture, image imprimée, vidéo, édition, sculpture. Au fur et à mesure qu'elles s'accumulent, nous nous demandons comment les articuler et les mettre en forme ? Un récit s’est dégagé des 26 premières notes. Il se structure autour d’un groupe de quelques personnages comprenant une bande de fantômes fondateurs d’un groupe de création littéraire, d’un narrateur forcé de narrer, d’une danseuse-chercheuse habituée des petits boulots et d’un employé de bureau possédé par une chose-monstre voleuse de visage ».

Après un premier temps de résidence en juin réservé à la finalisation de leur recherche et à la mise en page de ce récit sous la forme d'une édition papier, Athanor revient au BO pour réaliser une série de visuels grand formats. Ceux-ci auront une connexion plus ou moins directe avec la narration présente dans le travail d'édition et auront pour vocation à se retrouver, d'une manière ou d'une autre, au sein de la mise en page finale.

Deana Kolencikova travaille sur la précarité des artistes plasticiens indépendants. Sa pratique artistique traite principalement de l'espace public ainsi que des aspects politiques et sociaux de la vie quotidienne. Elle fait ses premiers pas dans l’activisme social en s’appuyant sur sa compassion et sa compréhension des animaux et des plantes. Enfant, elle avait l'habitude de porter de grandes bouteilles pour arroser les arbres nouvellement plantés à différents endroits de Bratislava (Slovaquie). Un geste qui illustre sa conviction que chacun de nous a la possibilité de contribuer à la qualité de l'espace public et de la façon dont le vivons et le partageons.

"Mon projet de recherche pour cette résidence au BO est l'écriture d'une publication. Comment devenir artiste ? C'est avec cette phrase à l'esprit que je vais explorer les recoins de la pratique artistique dans sa dimension économique, socio-politique et institutionnelle. La publication cherchera à présenter concrètement ce que signifie dans le détail « être artiste » et quels types d'expériences font les artistes. Des propositions visuelles viendront illustrer et approfondir ce sujet ».